Hernies Discales
Hernies discales
Entre chaque vertèbre (os de la colonne), se trouve un disque intervertébral. Ce disque est composé d’un tissu mou, appelé fibrocartilage, qui permet le mouvement et agit comme un absorbeur de choc. Avec l’âge, ces disques peuvent se détériorer et du matériel discal peut alors migrer dans le canal médullaire. Cette migration pourra entrainer de l’inflammation, des hémorragies et une compression de la moelle épinière, ce qui provoquera les symptômes neurologiques d’intensité variable. On parle d’hernie discale.
Certaines races sont prédisposées du fait de la conformation de leurs vertèbres, notamment les Teckels, les Pékinois, les Cockers et les Bouledogues français. La détérioration est accélérée chez ces chiens et de jeunes adultes peuvent alors présenter des signes neurologiques. Le site préférentiel de compression médullaire est la jonction entre les vertèbres thoraciques et lombaires.
Présentation clinique
Il existe plusieurs types de dégénérescence du disque intervertébral :
* La hernie discale de type I touche préférentiellement les chiens de petite taille ou chondrodystrophique, âgés de trois à neuf ans. L’intérieur du disque intervertébral, le noyau pulpeux, se rigidifie et migre dans le canal médullaire provoquant une hernie massive généralement brutale. Cette hernie discale peut survenir à l’occasion d’un léger traumatisme, ou même parfois, d’un mouvement normal. On note deux mécanismes principaux souvent associés : le phénomène de masse provoquant une compression de la moelle épinière et un phénomène explosif, entraînant des lésions vasculaires de la moelle épinière et des phénomènes de nécrose.
Diagnostic
Une hernie discale pourra être aiguë ou chronique. Dans le cas d’une hernie discale aiguë les symptômes apparaitront brutalement, souvent associés à de la douleur. Une intervention chirurgicale sera effectuée rapidement afin de retirer le matériel discal et de décomprimer la moelle épinière. Le chirurgien ne pourra cependant pas agir sur les lésions à l’intérieur de la moelle. Une hernie discale chronique mettra plusieurs semaines à se mettre en place, avec une protrusion progressive du disque. Ce type d’hernie est donc peu génératrice de douleur. Son retrait est cependant plus difficile pour le chirurgien.
Il existe différents stades de gravité pour les hernies discales nous permettant de déterminer le grade de compression de la moelle épinière, ainsi que le pronostic :
– Hernie discale de Stade 1 : Douleur uniquement. Le chien peut présenter une démarche raide, avec le dos voussé ou la tête basse. Un traitement médical peut suffir. Cet épisode douloureux peut récidiver ou évoluer en trouble de la démarche voir une paralysie avec le temps. Le pronostic avec un traitement chirurgicale est très bon dans la plupart des cas avec environ 90% de succès au terme de 2 mois de convalescence.
– Hernie discale de Stade 2 : Animal parétique, ambulatoire, c’est-à-dire que votre animal se déplace mais avec une démarche chaloupée, ebrieuse (comme s’il était saoul).
– Hernie discale de Stade 3 : Animal parétique, non ambulatoire, c’est-à-dire que votre animal ne peut plus se déplacer tout seul, il se traine généralement sur ses pattes arrières, mais conserve des mouvements volontaires.
– Hernie discale de Stade 4 : Animal paralysé, non ambulatoire mais perçoit encore la sensibilité douloureuse profonde. C’est a dire que votre animal ne se déplace plus même avec de l’aide. Cependant il conserve une sensibilité dite profonde.
– Hernie discale de Stade 5 : Animal paralysé, non ambulatoire et a perdu la sensibilité douloureuse profonde. C’est a dire que votre animal ne se déplace plus même avec de l’aide. Il ne présente plus de sensibilité dite profonde (testée avec une pince). Il est souvent incontinent.
Pronostic
Après ces interventions, le pronostic et les temps de récupération sont variables, ils dépendent principalement de l’intensité initiale des symptômes (Stade de la hernie) et du type d’hernie. L’évolution définitive ne pourra être évaluée qu’au terme de plusieurs mois (deux mois minimum) après l’intervention chirurgicale.
Impact du stade clinique de la hernie discale sur le pronostic :
* Hernie discale de Stade 1 : Pronostic très bon, 90% de succès.
* Hernie discale de Stade 2 et 3 : Pronostic bon, 80 à 90% de succès.
* Hernie discale de Stade 4 : Pronostic réservé, 60 à 70% de succès. C’est-à-dire que 30 à 40 % des patients ne récupèreront jamais de locomotion volontaire.
* Hernie discale de Stade 5 : Pronostic de 50% pour les animaux opérés rapidement après la survenue de la paralysie et la perte de sensibilité douloureuse profonde. Ce pronostic diminue avec le temps.
Impact du type d’hernie discale sur le pronostic : A stade clinique égal, les hernies discales aiguës sont de meilleur pronostic que les hernies discales chroniques. En effet sur une hernie chronique, le matériel discal est souvent plus adhérant à la moelle épinière, il sera donc plus difficile à retirer. Les animaux seront souvent plus dégradés en post-opératoire. La moelle épinière s’atrophie lentement face aux compressions chroniques, certains dommages pourront donc rester irréversibles, malgré une intervention chirurgicale.
Traitement
Le traitement de choix de la hernie discale est souvent une décompression chirurgicale. Pour cela, une localisation précise du site de compression est nécessaire. Le scanner et la myélographie sont les examens d’imagerie de choix pour cette localisation mais aussi pour affiner notre diagnostic, établir la nécessité d’une intervention chirurgicale ou non, et pour établir le nombre de sites de compression. Ses examens d’imagerie se déroulent tous sous anesthésie générale.
– La myélographie consiste à réaliser plusieurs radiographies de la colonne vertébrale après injection d’un produit radiographiquement visible, dans l’espace sous arachnoïdien entourant la moelle épinière. Ceci permet de visualiser ses contours et de mettre en évidence le ou les sites de compression médullaire.
– Le scanner correspond à des radiographies en coupes très fines d’un segment du corps. Il permet de désuperposer les structures anatomiques et de latéraliser les compressions médullaires, ce qui se révèle très important en cas d’intervention chirurgicale. Dans certains cas, un myéloscanner peut s’avérer être nécessaire, on injectera alors du produit de contraste dans l’espace sous arachnoïdien (autour de la moelle épinière) avant de faire le scanner.
Dans les cas peu symptomatiques (douleur uniquement) et en fonction des examens d’imagerie, un traitement médical faisant appel à des anti-inflammatoires et des antalgiques peut être mis en place.
En cas de déficits neurologiques moteurs ou sensitifs, ou en l’absence de résultat du traitement médical, le traitement chirurgical devient nécessaire. Il consiste à décomprimer les tissus nerveux et à retirer le matériel discal hernié. Une dégradation de l’état neurologique est fréquemment observée après une intervention chirurgicale sur la moelle épinière. Elle est souvent transitoire, mais dans certains cas, malgré le traitement chirurgical, certains patients ne récupèreront jamais leur motricité (Cf paragraphe pronostic).